Article paru dans l'Hérault du jour le dimanche 17 août chronique de Sète

 

Aux débuts de la Station biologique de la Plagette

 

Armand Sabatier du « Palais de las Crancas »

 

Dans l’édition de lundi dernier le nom du fondateur de la Station biologique, Armand Sabatier, a été évoqué. M.Bonhomme, directeur actuel inquiet de l’avenir de la Station rappelait notamment qu’elle avait été conçue pour « créer du lien entre les chercheurs et la société. »

Il nous a semblé intéressant de revenir sur celui qu’avait établi le Doyen de la faculté des Sciences de Montpellier avec la société sétoise de son temps.

Armand Sabatier était né à Ganges en 1834, après des études de médecine, la guerre de 1870, il devient  en 1876 titulaire de la chaire de zoologie de la Faculté des sciences : « Il consacre une partie de ses loisirs avec trois de ses élèves, à des dragages effectués dans la région de Sète pour étudier la faune marine. Un vieux loup de mer de la pointe courte, Marquès Barthélémy, dit tambour, mit un local à leur disposition. Armand Sabatier répétait : « Tambour et moi, nous sommes les deux hommes qui connaissons le mieux la faune marine de

Sète. Tambour ne connaît que les noms patois, et moi les noms latins, mais nous nous comprenons très bien ».

Très vite la Station Zoologique connaît un réel succès encouragé par la ville de Sète. Ce nouveau laboratoire inauguré le 9 février 1884 attire des chercheurs et étudiants, français et étrangers… »[1]

Les séjours à Cette des étudiants de Toulouse –filles et garçons- donnent lieu à des entrefilets dans le Journal de Cette.  La Fac de sciences et la Station font donc œuvre émancipatrice en  ces temps des débuts de l’école publique pour les filles.

Quelques 12 ans plus tard sera inauguré l’actuel  bâtiment. Au début de l’année A. Sabatier s’est rendu à l’école Sévigné, dirigée par O.Criscelli, pour lancer, en présence des autorités civiles et académiques, avec pour thème le corail, la série de conférences destinée aux grandes filles dans le but de compléter « l’éducation déjà reçue sur les bancs de l’école. » Le président de l’Amicale qui fait partie de la Ligue de l’enseignement œuvre de Jean Macé, n’est autre que Joseph-Henri Castelnau, protestant comme Sabatier à l’origine du Félibrige Cettois. L’émulation est telle autour de cette école qu’une félibrée[2] est décidée pour fin mai afin de récolter des fonds pour la bibliothèque. Elle réunit au tout neuf Stand de tir  face au mole, d’après les journaux quelques deux cent personnes venues de la ville et du Félibrige, sous la présidence d’honneur de F. Mistral. Si A.Sabatier n’est pas  présent, lors du banquet au Grand Galion, il y est par la chanson de son ami Castelnau. Sur l’air de « La vesta e la capota » le texte qui lui sera remis quelques jours plus tard, situe ce que son auteur appelle le « Palais de las crancas »[3], ses occupants Tambour, les étudiants attentifs « jout la luneta/ a vista neta »[4], les assistants Soulier, Darboux, de Rouvilla et Calvet et termine par un vibrant :

« Naturalistas

Zoologistas,

….

E, tant qu’un Cetòri viéurà,

De-Longa vous aplaudirà :

Au Palais de las Crancas »[5]

Castelnau sera-t-il entendu ?

 

Rose Blin-Mioch

 

 Le plus du Siti : Lou Palais de las crancas


 

[1] Voir http://g.h.p.free.fr/documents/armand%20sabatier.pdf

[2] Fête du Félibrige

[3] Le Palais des crabes

[4] Le microscope

 

[5] Zoologistes/ tant qu’un sétois vivra / il vous applaudira tout le temps/ au Palais des Crabes